Avec la mesure 80 km/h, le Gouvernement réactive un vieux débat : vaut-il mieux éduquer ou réprimer ?
Le ministère de l’Intérieur, en charge de la sécurité routière, semble avoir choisi ses priorités en prenant cette nouvelle mesure, évidemment impopulaire, sans mettre les moyens nécessaires à l’éducation à la route en amont.
En outre, il opère des coupes franches au sein des effectifs de fonctionnaires chargés du permis de conduire et de la sécurité routière. C’est ainsi qu’en 2018, 31 postes d’inspecteurs ne seront pas renouvelés.
Or ces agents, fonctionnaires de l’État, ne sont pas cantonnés à la passation des examens. Ils sont censés effectuer, auprès des plus jeunes notamment, des actions de sécurité routière. Ils sont également chargés de s’assurer de la qualité de l’enseignement au sein des auto-écoles, dont le rôle est primordial dans la lutte contre l’insécurité routière.
Tous les spécialistes admettent que le changement durable du comportement des automobilistes passe par l'acceptation de la réglementation, donc par une formation de haut niveau. C’est la clé pour faire baisser durablement la sinistralité et la mortalité sur nos routes.
Mais encore faut-il que le Gouvernement crée les conditions propices pour mettre en place une telle politique !
Pour qu’un tel schéma vertueux prenne vigueur, il convient que l’État considère notamment la formation à la conduite comme une réelle délégation de service public.
Cette approche s’oppose radicalement à l’ubérisation du secteur auto-école, synonyme d’un laisser-aller réglementaire très préjudiciable aux usagers et plus largement à la sécurité routière.
Le permis de conduire ne peut pas être considéré comme un simple bien de consommation, livré aux règles du marché !
Les enjeux humains qu’il soulève, ainsi que le coût exorbitant que l’insécurité sur les routes fait peser sur la société toute entière, nécessitent que l’État garde une emprise forte sur ce secteur.
Il s’agit en particulier de recruter des inspecteurs du permis de conduire fonctionnaires en nombre suffisant pour que l’intégralité de leurs missions puissent être assurées, et de s’opposer à une déréglementation des auto-écoles, cette dernière contenant en germes de multiples dérives.
C’est pourquoi le SNICA-FO, le CNPA et l’UNIDEC condamnent toutes les mesures de rigueur qui affaiblissent le service public du permis de conduire et de la sécurité routière. Ils dénoncent ainsi cette politique axée sur le tout répressif !
Paris, le 1er juillet 2018