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12 mai : Des défilés placés sous le signe du 49-3

12 mai : Des défilés placés sous le signe du 49-3

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Posté le 13/05/2016

Le Havre, Nantes, Toulouse, Grenoble, Montpellier, Bordeaux, Bayonne, Pau ou Paris, les cortèges ont essaimé dans toute la France. Deux jours après l’annonce par le gouvernement du recours au 49-3, le climat était plutôt tendu.

« Quand j’ai entendu l’annonce du gouvernement, je me suis mise à pleurer, raconte Raafet, 42 ans. Ça fait deux jours que je pleure. Donc je suis venue ici pour ne pas pleurer toute seule et pour être un peu plus constructive. » Si le sentiment de trahison persiste, il n’est néanmoins pas question pour cette technicienne de 42 ans de jeter l’éponge. « Quand on dit non, c’est non, ajoute-t-elle. J’ai voté pour les socialistes en 2012. Parce que je voulais que Nicolas Sarkozy s’en aille. Finalement j’ai l’impression que c’est pire maintenant. » 

Elle énumère : la loi Macron, le débat « inutile » sur la déchéance de la nationalité, puis la loi Travail. Syndicaliste à FO, elle a l’habitude de voir passer des accords d’entreprise. « A FO, on a la réputation de ne jamais vouloir signer alors qu’on ne veut pas signer pour n’importe quoi. S’il fallait signer pour signer, je ferais des tags au lieu d’être syndicaliste. » 

 

Rien n’est encore plié

Monique, elle, est optimiste et pense que le recours au 49-3 provoquera sans doute une onde de choc dans l’opinion publique et parmi les salariés : « J’espère que la semaine prochaine, des assemblées générales se tiendront dans les entreprises. » 

Âgée de 56 ans, Monique travaille dans le secteur des télécoms. Si son entreprise est prospère, elle ne remplace pas pour autant les salariés qui partent à la retraite. Et ce sont les gens qui restent qui récupèrent le travail de ceux qui partent. « Ce sont les petites entreprises qui vont prendre le plus avec la loi Travail. Parce que nous, nous avons encore des syndicats pour défendre les salariés. » 

Jean-Luc, 55 ans, n’a pas été surpris par l’usage du 49-3 « On a déjà eu l’expérience avec le CPE et je crois que les Français vont commencer à comprendre le contenu de cette loi. » Pour ce salarié dans la grande distribution rien n’est encore plié : « Je pense qu’on est au début de cette affaire et qu’il faut amplifier le rapport de force. » 

 

Cac 40 ou progrès social ?

Plus d’inégalités et de précarité pour les salariés, dumping social entre les entreprises, Jean-Claude Mailly, en tête de cortège, ne mâche pas ses mots. « M. Valls et Mme El Khomri devraient peut-être comprendre que seul le Medef est pour la suppression de la branche. Est-ce que c’est une loi Cac 40 ou une loi, comme ils le prétendent, de progrès social ? Si c’était une loi de progrès social, je pense qu’ils auraient facilement trouvé une majorité à l’Assemblée nationale. » 

Pour le secrétaire général de FO, la mobilisation est multiforme : par les manifestations, par les mouvements de grève qui auront lieu la semaine prochaine, par les pétitions. Une manifestation nationale va se tenir à Paris prochainement. 

« Ce n’est pas fini », ajoute-t-il. Le texte doit passer devant les sénateurs pour revenir à l’Assemblée en 2e lecture. « Ce n’est pas parce qu’on sort du tiroir un 49-3 que tout est réglé. Loin s’en faut. Le gouvernement fait fausse route, à nous de le remettre dans le droit chemin ». 

Nadia Djabali

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