Chaque jour, Yves Thréard éditorialiste du Figaro, interpelle une personnalité. Aujourd'hui, il adresse sa question à Pascale Maset, secrétaire générale du syndicat Snica-FO des inspecteurs et délégués du permis de conduire et de la sécurité routière.
Bernard Cazeneuve a annoncé ce matin une réforme du permis de conduire, qu'en pensez-vous? Il veut notamment dégager les inspecteurs du contrôle des épreuves du code de la route pour les confier, en partie, à des policiers à la retraite, et avancer à l'âge de 15 ans la conduite accompagnée . Etes-vous d'accord? Pascale Maset, répondez-moi…
Confier l’épreuve du code de la route à des policiers ou gendarmes retraités est une mesure transitoire et ne donne qu’une vision fragmentaire du cataclysme qui se prépare, à la fois pour les usagers, les auto-écoles et les candidats. L’ambition ultime de Bernard Cazeneuve est bien la privatisation de l’examen théorique en le confiant à un organisme privé agréé. L’ensemble des épreuves pratiques de la catégorie poids-lourd est également concerné et, à terme, nous imaginons mal pourquoi cette entreprise n’aurait pas l’ambition de se positionner sur l’examen voiture !
Le SNICA-FO, défenseur du service public, est bien sûr fermement opposé à un tel projet et le combattra. Au-delà de ce que certaines personnes peu informées pourraient interpréter comme une lutte corporatiste, nous sommes convaincus que tous les usagers pâtiraient d’une telle réforme. La privatisation d’un service public entraîne mathématiquement une augmentation du coût pour ceux qui sont de venus de simples clients, puisque la raison d’être d’une entreprise est bien de dégager des bénéfices. En outre, le projet de ce Gouvernement remet en cause le fonctionnement économique des petites auto-écoles dont l’équilibre financier est précaire. Ce bouleversement profond serait en effet favorable à l’émergence de monopoles de l’enseignement et de l’évaluation… et serait fatal aux petites entreprises.
Le Service Public républicain est une spécificité française qu’il convient en définitive de défendre dans un élan commun, puisque chacun d’entre nous est concerné.
Quant à la conduite accompagnée dès 15 ans, le SNICA-FO n’exprime pas d’opposition dogmatique. Quoi qu’il en advienne, l’intérêt d’une telle mesure pour les usagers reste à prouver. Et, s’il existe, la consolation serait bien dérisoire au regard des effets pervers de la privatisation d’un service public actuellement gratuit.
La seule certitude dont je peux vous faire part aujourd’hui, c’est que les personnels sont massivement déterminés à défendre le bien commun !
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