Paris, le 26 août 2015
Monsieur Bernard CAZENEUVE
Ministre de l’Intérieur
Madame Najat VALLAUD-BELKACEM
Ministre de l’Education Nationale
Référence : PM/LD/036/15
Objet : Sensibilisation à la sécurité routière dans les lycées et CFA
Monsieur le Ministre, Madame la Ministre,
Le Gouvernement a fixé comme objectif de passer sous le seuil des 2 000 personnes tuées sur les routes d’ici 2020. Le développement du continuum éducatif, processus débutant par une sensibilisation dès les premières années de l’enfance pour se poursuivre tout au long de la vie du conducteur, concourt à améliorer durablement le comportement des usagers. En ce sens, la multiplication des étapes constitutives de ce processus de formation implique de mobiliser un plus grand nombre d’acteurs, aux rationalités multiples.
Le Gouvernement a souhaité mettre en œuvre un nouveau volet de ce continuum éducatif au lycée et dans les CFA. La circulaire 2015-082 du 22 mai 2015 instaure en effet une demi-journée obligatoire de sensibilisation à la sécurité routière dès la rentrée 2015.
Dans le même temps, le Conseil National de Sécurité Routière (CNSR) recommande la mise en œuvre du Continuum Educatif du Citoyen Usager de la Route (CECUR). Une des propositions liées à ce projet consiste en la création « d’ateliers de gestion des risques », avant le passage de l’examen du permis de conduire.
Pour mon organisation syndicale, représentative à plus de 68% chez les inspecteurs du permis de conduire et de la sécurité routière, ces « ateliers de gestion des risques » préconisés par le CNSR devraient être proposés au lycée et en CFA. En effet, cette formation dispensée gratuitement présenterait des avantages multiples.
En premier lieu, le coût de la formation pour l’usager ne se trouverait pas alourdi. Rappelons qu’il s’agit de l’un des objectifs majeurs du ministère de l’intérieur de ne pas pénaliser pécuniairement la jeunesse. Une organisation professionnelle d’enseignants de la conduite émet d’ailleurs des réserves sur la non-augmentation du coût pour l’usager si ces formations théoriques supplémentaires devaient être dispensées exclusivement dans les auto-écoles. Pour rappel, la formation doit être enrichie de 12h15 de formation théorique.
En second lieu, la gestion de ces modules en lycée et CFA permettrait la constitution de groupesd’élèves en nombre suffisant et quasiment homogènes afin d’optimiser l’interaction nécessaire entre les différents membres. L’efficience du dispositif s’en trouverait donc accrue. Sur ce point, les « petites » auto-écoles, qui représentent l’écrasante majorité des structures, ne seraient pas en capacité de réunir un nombre de participants adapté.
Par ailleurs, notre proposition a le mérite de s’articuler parfaitement avec le module de sensibilisation déjà programmé au lycée et en CFA. Il suffit d’en adapter la durée et d’en faire coïncider les contenus. Pour le SNICA-FO, cette fusion des contenus serait d’autant plus aisée que les objectifs actuels de la demi-journée de sensibilisation portent précisément sur cette notion de risque. En effet la circulaire de l’Education Nationale précise : « Les interventions d'éducation à la sécurité routière en lycée et CFA publicdoivent prendre en compte la tendance à la prise de risque caractéristique de la période de l'adolescence ».
Le SNICA-FO finalise par ailleurs des propositions sur le CECUR, que nous transmettrons à Monsieur le délégué interministériel à la sécurité routière. Dans ce document, nous défendons notamment l’idée qu’un jeune autorisé à conduire un cyclomoteur doit avoir un niveau de connaissances théoriques identique aux autres conducteurs. Malgré la forte proportion de jeunes et de deux roues dans la mortalité routière, nous constatons que cette obligation n’existe pas. Ainsi, les adolescents sont autorisés à prendre la route à cyclomoteur sans connaitre les règles élémentaires de circulation.
Nous sollicitons donc une audience de votre part pour vous détailler le contenu de nos propositions sur le renforcement du continuum éducatif.
Dans l’attente, je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, Madame la Ministre, à l’assurance de ma haute considération.
Pascale MASET
Secrétaire Générale
Copie : Monsieur Denis ROBIN, Secrétaire général du ministère de l’intérieur
Madame Florence ROBINE, Directrice générale de l’enseignement scolaire
Monsieur Emmanuel BARBE, Magistrat, Délégué interministériel à la sécurité routière