30 000 décès en plus en 2015, du jamais vu en Angleterre depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Outre-Manche, la polémique enfle depuis que des chercheurs de l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres et des universités d’Oxford et de Blackburn ont publié les résultats de leur étude.
Les preuves indiquent une défaillance majeure du système de santé
, ont conclu les chercheurs britanniques après avoir établi un lien entre cette surmortalité et la politique de réduction budgétaire menée par le gouvernement conservateur depuis 2010.
Pire encore, ce pic de surmortalité qui affecte l’Angleterre et le pays de Galles semble s’installer dans le temps : les données provisoires récoltées depuis octobre 2016 montrent une augmentation de 7 % des décès par rapport à une moyenne établie sur cinq ans.
Point de rupture
Les universitaires pointent comme principale raison, l’insuffisance des ressources nécessaires au bon fonctionnement du National Health Service, le service public britannique de la santé.
Conséquences : augmentation des délais d’attente avant une admission hospitalière ; pénurie de lits disponibles dans les hôpitaux ; délai d’attente importants avant d’effectuer les tests nécessaires à l’établissement d’un diagnostic médical.
En cause également, le temps d’attente des ambulances et les trois semaines de patience avant de se faire ausculter par un généraliste ;
Enfin, la multiplication des annulations d’opération de chirurgie pour des raisons non cliniques, comme le non remplacement de postes vacants.
16,5 milliards de livres sterling en moins
Le porte-parole du ministère de la Santé a contesté les résultats de l’étude et a accusé de partialité les auteurs du rapport. Il leur reproche également d’avoir ignoré les variations saisonnières.
Le ministère a par ailleurs signalé que le budget de la santé avait augmenté de 15 milliards de livres entre 2009 et 2015. Mais il s’est bien gardé d’évoquer la baisse de 16,5 milliards de livres depuis 2011 du budget de l’aide sociale. Résultat : la pénurie d’aides et d’infirmières à domicile a bloqué dans les hôpitaux des personnes âgées sans besoin médicaux lourds.
« Il peut sembler évident que plus de personnes âgées sont décédées prématurément en raison des coupes gouvernementales, a déclaré le professeur Danny Dorling, de l’université d’Oxford. Mais à ce jour le gouvernement n’a pas encore admis sa responsabilité. »
Manifestation nationale le 4 mars
Le gouvernement de Theresa May continuera-t-il de regarder ailleurs ? Le 4 mars prochain, syndicats de salariés et professionnels de santé se rappelleront à son bon souvenir en manifestant dans toute l’Angleterre contre les coupes budgétaires dont sont victimes la population et le service public de la santé.
NADIA DJABALI
AUSTERITE