L’alinéa pourrait presque passer inaperçu. Concernant le service du permis de conduire, le projet de loi Macron introduit la notion de « service universel » en son sein.
Simple évolution sémantique du mot « service public » ? Pas du tout !
Historiquement, les autorités communautaires ont introduit cette notion d’origine anglo-saxonne en vue de favoriser l’ouverture à la concurrence de certains services, comme les télécommunications ou les services postaux.
Nos camarades de France Telecom sont sûrement sensibles à cette notion... En un mot, il s’agirait donc du service de base offert à ceux qui peuvent se le payer, sur tout le territoire, à des conditions tarifaires prétendument abordables et avec un niveau de qualité standard. Un terme purement libéral en définitive. Un succédané de « service public » à la sauce marchande…
Ce passage du « service public » au « service universel » a bien entendu toujours été présenté comme une modernisation. Dans le même registre, les dirigeants politiques et économiques « modernes » vont, par glissements sémantiques successifs, ne plus parler d’ « usagers du service public ”, mot jugé “ ringard ”, mais de “ clients ”. Cela rejoint le mythe du client « roi » qui a toujours raison (et son pendant : les pauvres qui ont toujours tort et n’ont aucun droit). Parallèlement, on ne va plus parler d’ « intérêt général », mais de « service d’intérêt économique général », ce qui n’est pas du tout anodin.
Il fallait s’en douter. L’institution d’un service universel dans le domaine de l’examen du permis de conduire répondrait à une finalité concrète très précise : organiser la délivrance d’une prestation de services par un opérateur privé. Cette approche se situe ainsi, par rapport aux buts de l’Union Européenne, dans une analyse économique particulière au libéralisme.
Le service universel présente d’ailleurs des ressemblances avec le « service d'intérêt économique général », notion purement européenne: comme lui, il doit être offert aux consommateurs quelle que soit leur localisation géographique. La différence réside dans la circonstance que la qualification de service universel recouvre un ensemble d’obligations imposées par la loi à un opérateur sur un marché. Tout ce vocable étant issu du petit dictionnaire du parfait néolibéral….
Au SNICA-FO, nous rejetons toute cette terminologie, pour ce qu’elle comporte de contraire aux valeurs que nous défendons : l’égalité et la solidarité.
Non, le « service public » n’est pas vieillot et dépassé ! Les valeurs qu’il porte sont universelles et éternelles, a contrario des notions libérales que quelques députés cherchent à insuffler en lui.
Si faire acte de résistance envers la marchandisation du permis de conduire et de la sécurité routière nous expose au qualificatif de « ringard », alors nous l’assumons pleinement !