Article de presse de NORDECLAIR du 29.03.2015
La question, nous l’avons posée à plusieurs auto-écoles de Roubaix et Tourcoing, alors que le secteur doit affronter une énième remise en cause avec l’action en justice des victimes de la fermeture de CAPermis.
Un établissement du quartier de l’Épeule, à Roubaix. Prix affichés : 950 euros, le forfait comprenant 20 heures de leçons de conduite, les cours de code, deux présentations à l’examen théorique, une à l’examen pratique. 1 100 euros pour un forfait de 25 heures. Plus ou moins dans la moyenne basse des prix pratiqués. CAPermis à Lambersart proposait des forfaits à moins de 800 euros. L’auto-école n’a pas tenu le coup, s’est retrouvée en liquidation judiciaire laissant 987 postulants au permis sur le carreau... La même chose est arrivée pour les clients d’ETC et de l’Ile Ô permis. « Le problème, c’est qu’il y a des véreux dans les auto-écoles, lance le gérant d’un établissement roubaisien. Quand on voit ETC ou CAPermis, ils proposaient des forfaits à moins de 700 euros. C’est la crise, les gens vont au moins cher. Ils s’inscrivent. Et entrent dans le cercle infernal. »
Des offres qui ne peuvent tenir la route
Voilà pour la théorie. Pour la pratique : le coût d’un permis se calcule à partir du coût horaire de la leçon. En moyenne, le prix de revient, pour l’auto-école, d’une heure de leçon de conduite est de 27,98 euros TTC (lire encadré pour le détail). Un coût qui comprend le salaire du moniteur, prix du carburant, révisions du véhicule, etc... Cette heure de leçon est en moyenne facturée 42 euros TTC (dont 7 euros de TVA). Soit un bénéfice de 14,02 euros, dont la moitié part en charges sociales, et sur lequel il faut également défalquer l’éventuel coût de location d’un local... Au final, peu de bénéfice sur une heure facturée 42 euros.
Or, sur cette base, un forfait 20 heures de leçons coûte 840 euros, auxquels il faut ajouter le code, les passages d’examens, etc... La preuve par A+B, selon Thierry Marcelli, gérant depuis 20 ans de l’auto-école Thierry, à Tourcoing, que les formules low-cost proposées par certains établissements ne peuvent tenir la route. « Deux solutions : soit ces établissements finissent par mettre la clé sous la porte (ce fut le cas avec CAPermis, ETC ou l’île Ô Permis récemment, ndlr), soit ils facturent d’autres prestations, comme le dépassement de forfait, à un prix exorbitant. » Et le Tourquennois de conclure : « Pour tous ceux qui affirment que le permis, en moyenne 1 200 euros, est trop cher, sachez qu’une personne obtenant son permis à 20 ans est censée pouvoir en faire usage pendant 50 ans, soit un coût de revient de 2 euros par mois ! »
Bérangère Barret
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