Paris, le 1er août 2013
Jean-Marc AYRAULT
Premier Ministre
Réf. : TK/PM/098/13
Objet : Défense du service public des examens du permis de conduire
Monsieur le Premier Ministre,
Depuis quelques mois, des groupuscules d’auto-écoles vantent les bienfaits supposés de la privatisation de l’examen du permis de conduire. Le SNICA-FO, majoritaire à 72 %, considère habituellement que la meilleure arme défensive, face à ces porte-parole improvisés du secteur marchand de la formation à la conduite, reste le silence. Mais leur lourde insistance et la gravité du sujet nous obligent à une réaction proportionnée à la violence de leur propos.
Le SNICA-FO réaffirme à cette occasion son attachement absolu et inconditionnel au service public républicain.
Défenseurs déterminés de l’égalité de traitement des usagers, convaincus que seul le service public est en mesure de renforcer le tissu social et de promouvoir la citoyenneté sur le territoire de la République, nous condamnons de facto toute intention d’affaiblir la puissance de l’Etat. Dans le secteur particulier du permis de conduire, l’histoire a d’ailleurs démontré à plusieurs reprises notre capacité de combattre les tentatives de privatisation.
Le SNICA-FO voit dans la requête de ces gérants d’auto-écoles la simple volonté de satisfaire des fantasmes mercantiles au risque de contribuer à la ruine des valeurs qui font la richesse du modèle social français. Pour le SNICA-FO, l’intérêt de l’usager et du citoyen passe par une amélioration de la qualité de la formation dispensée par les établissements d’enseignement de la conduite et non par la multiplication, à des fins purement commerciales, des places offertes. Car le but pour le candidat est bel est bien d’être reçu à l’examen et non de pouvoir le repasser indéfiniment. Une meilleure formation des apprentis conducteurs entrainera une augmentation du taux de délivrance du titre, donc la diminution des délais d’attente ainsi que l’amélioration des comportements sur les routes. Un recrutement à la hauteur des enjeux s’impose également, a minima par le remplacement de tous les départs en retraite.
Depuis quelques années, un vent meurtrier en provenance de la troïka politique « Commission Européenne-FMI-BCE » souffle sur les services publics de la France et de l’ensemble des pays européens. Il est relayé par la ploutocratie pour mieux faire avancer les pions du néo-libéralisme en prêchant le concept de privatisation pour soi-disant assainir les finances des pays prétendument en difficulté.
Le corollaire de cette logique est l’inéluctable inflation des tarifs pour les usagers, puisque la seule finalité est d’augmenter encore et toujours les bénéfices au profit des investisseurs. La privatisation des services publics ne peut donc se faire qu’aux dépens du citoyen. Les exemples sont nombreux et vérifient toujours cette maxime : chemins de fer anglais, service des eaux en Italie, électricité en Grèce… Le permis de conduire, aujourd’hui gratuit en France et outil incontournable de mobilité et d’accès à l’emploi, ne saurait supporter un coût supplémentaire au prétexte d’alimenter en places d’examen, au demeurant fort lucratives, les établissements d’enseignement de la conduite. En définitive, appliqué à l’examen du permis de conduire, le concept de privatisation est la négation du principe d’un permis financièrement plus accessible aux usagers !
Nous développerons ces arguments et proposerons des solutions bien plus tangibles dans le cadre du groupe de travail sur le permis de conduire mis en place par le Ministre de l’Intérieur. En outre, nous serons présents à la table ronde sur l’accès des jeunes au permis de conduire.
Le SNICA-FO tenait à attirer votre attention sur ce sujet extrêmement sensible.
Je vous prie de croire, Monsieur le Premier Ministre, à l’assurance de ma haute considération.
Patrick CHOPIN
Secrétaire Général