Comme chacun le sait désormais, selon les prévisions du COR (Conseil d’orientation des retraites), le régime de retraite pourrait être en déficit dans les années qui viennent. Ce serait un déficit faible et limité dans le temps, mais il faudra, le cas échéant, le combler.
De nombreuses sources de financement sont possibles : mettre les entreprises à contribution, taxer le capital, fiscaliser l’épargne des salariés, augmenter les cotisations, etc.
Le projet de réforme actuel prévoit de reporter l’âge de départ à 64 ans et d'accélérer l'allongement de la durée de cotisation. C'est un choix qui correspond au modèle de société voulu par nos dirigeants.
En effet, il existe en réalité deux conceptions de la retraite :
- La vision libérale : la retraite, c’est du revenu différé. Les salariés cotisent et, lorsqu'ils sont à la retraite, touchent une pension qui dépend des cotisations qu'ils ont pu verser au cours de leur vie.
- La vision qui a présidé à la création de notre Sécurité Sociale : la retraite est la continuation du salaire, c'est du salaire continué. La collectivité cotise pour que les salariés bénéficient d’un temps libéré à l'issue de leur activité professionnelle.
C’est grâce à son modèle de retraite que la France bénéficie, par exemple, d’un important et fort utile tissu associatif. C’est aussi là-dessus que repose une partie de la vie familiale : les grands-parents assurent 23 millions d’heures de garde d’enfants par semaine, c’est-à-dire autant que les assistantes maternelles.
Depuis les années 90, les réformes qui se sont succédées se sont appliquées à détricoter cette conception de la retraite. Les pensions ne sont plus indexées sur les salaires, mais sur les prix. Le taux de remplacement, c’est-à-dire l’écart entre ce que vous touchiez comme salarié, et ce que vous touchez comme retraité, n’a cessé de se creuser. Les travailleurs sont de plus en plus incités à financer une retraite complémentaire.
En exigeant que ce soient les salariés qui travaillent plus longtemps pour équilibrer, à eux seuls, le système, le gouvernement impose sa conception libérale des retraites, tout en essayant de faire croire qu'il veut sauver le système par répartition.
Et tant pis si vous êtes trop malade, ou trop abîmé, ou trop fatigué, pour utiliser votre temps comme vous l’auriez voulu lorsque vous pourrez enfin vous arrêter de travailler.
Le gouvernement aurait pourtant pu décider de faire d'autres choix pour, coûte que coûte, préserver ce temps libéré, ce temps non subordonné.
C’est la preuve que le projet de réforme actuel n’a pas vocation à sauver le système par répartition : elle est idéologique. Elle promeut une certaine vision, en l’occurrence libérale, de la société.
Il appartient à chacun d'entre nous de décider si cette vision lui convient.
Au SNICA-FO nous sommes résolument et définitivement opposés à ce choix de société.
Aussi, nous invitons tous les IPCSR et tous les DPCSR qui partagent notre vision à venir renforcer le mouvement engagé par l'intersyndicale : tous en grève et en manifestation le mardi 7 février 2023 !
DECLARATION UNITAIRE AU CONSEIL COMMUN DE LA FP